MODULATION NUMERIQUE BPSK
Ph Dondon © Copyright 2004
I) BUT DE LA MANIPULATION
Liaison numérique simplifiée
Au cours du TP, on s'intéressera particulièrement aux fonctions embrouillage/désembrouillage et modulateurs/démodulateurs classiques. Pour des raisons de simplicité les fréquences et débits de travail sont bien inférieurs à ceux utilisés dans la réalité. Mais les principes restent bien entendu valables.
I) RAPPEL DES NOTIONS DE BASE ET PRINCIPALES DEFINITIONS
La transmission de signaux numériques fait appel à quelques
notions de base qui sont rappelées ci-après :
Débit binaire : D= 1/Tb où Tb est la durée d'un bit en seconde
Taux d'erreur bits : TEB =
Efficacité spectrale : h = N/B=
L'efficacité spectrale s'exprime en bit/s/Hz . Elle caractérise la capacité d'une modulation à "passer" un débit maximum dans une largeur de canal minimum. Elle est comprise entre 2 et 8 pour des modulations dites performantes.
Fréquence intermédiaire (FI) : Fréquence interne à l'émetteur et au récepteur servant de support à la modulation. Le signal modulé FI est ensuite transposé à une fréquence HF porteuse pour émission réception hertzienne.
Pour des question de simplicité, la fréquence intermédiaire est de 455KHz dans la manipulation proposée. En réalité sa valeur peut être de 70 ou 140 MHz voir plus dans les faisceaux hertziens numériques. Plus cette fréquence est élevée, plus le débit binaire transmissible sera important.
Interférence intersymbole : Elle caractérise la qualité de la liaison et l'aptitude du récepteur à discriminer les 0 et les 1 après une transmission qui a altérer et déformer les bits.
Les modulations numériques : Elles sont utilisées pour des liaisons hertziennes uniquement. Par opposition aux transmissions par fibre optique qui s'effectuent, elles, en base de base (signal numérique non modulé).
Comme pour les modulations analogiques, trois possibilités sont offertes :
a) Modulation d'amplitude ASK
b) Modulation de fréquence FSK
c) Modulation de phase PSK
Nous nous intéresserons ici au troisième type de modulation.
II.1.) Principe
La modulation BPSK (Binary Phase Shift Keying) est une modulation de phase à 2 états de la fréquence intermédiaire.
Comme il n'y a, à priori, aucune relation de phase et de fréquence entre la FI et le signal modulant, on synchronise celui-ci sur la FI par une simple bascule D. Après une translation de niveau (centrage sur 0V), le signal modulant synchronisé et la FI sont appliqués à un multiplieur analogique type AD835 par exemple.
Schéma de principe modulateur BPSK
Ceci permet d'obtenir un signal modulé avec deux états de phases 0 et p (pi). Le changement de phase s'effectue alors au passage à zéro de la FI. Sans la synchronisation préalable du signal NRZ, les changements de phase interviendraient de façon aléatoire par rapport au signal porteur avec pour conséquence un élargissement du spectre occupé.
Signal modulé BPSK
Spectre du signal modulé BPSK
II.2) Remarques :
Réponse (à ne consulter que si on a réfléchi avant et fait la manip par soi- même...) :
D14 : flux binaire à 11Kbits/s pseudo aléatoire
D15 : horloge bits 11 KHz
Voie 1 : porteuse 455 KHz modulé
HP 54645 : base de temps normale en moitié haute, et Megazoom en moitié basse
Premier zéro situé à 11 KHz de part et d'autre de la porteuse modulée. Echelle : 10KHz /div
Tektronix 2712
Comparé au signal carré modulant, délivré par un générateur, le signal pseudo aléatoire fourni par la carte permet de tendre vers un spectre continu (et non discret) plus représentatif de la réalité.
Vérification de l'absence d'énergie à la fréquence porteuse.(creux au sommet du lobe principal) échelle 5KHz/div
III) DEMODULATION BPSK
III.1) Démodulateur cohérent
Démodulateur cohérent BPSK
La tension de sortie de l' OL s'écrit alors :
Vol = A.cos wt
Le signal reçu vaut :
B.cos wt ou bien B.cos (wt + p)
Le signal délivré par le multiplieur vaut :
A.B.cos wt cos wt ou bien A.B. cos wt cos (wt + p)
C'est à dire :
1/2 A.B. (cos (2wt) +1)) ou bien 1/2 A.B (cos (2wt) -1))
Le filtre passe bas élimine la composante à 2w. On récupère alors en sortie un signal à deux niveaux 1/2 AB et -1/2A.B correspondants aux deux niveaux émis du code NRZ.
Comme nous l'avons dit, cette démodulation nécessite la présence
d'un OL parfaitement synchronisé avec la FI. Cette FI n'est pas directement
présente dans le spectre du signal modulé émis. Il est
donc nécessaire de la reconstituer à la réception.
Récupération de la porteuse FI par doublage de fréquence
Le signal BPSK reçu est appliqué simultanément aux 2 entrées d'un multiplieur. En sortie, on retrouve le produit :
Cos2wt ou bien Cos2 (wt + p) suivant la phase de la porteuse.
Comme Cos2 a = (1+cos 2a)/2, il en résulte une composante continue et une composante à la fréquence 2 sans déphasage. Un simple filtrage et une division par 2 suffit pour restituer, dans le récepteur, une porteuse en phase avec la porteuse FI émission.
Remarque : Dans un système réel et complexe, une boucle à verrouillage de phase PLL est nécessaire pour effectuer cette récupération. Dans notre TP, la récupération est volontairement simplifiée et s'effectue suivant le schéma de principe donné ci avant.
Réponse (à ne consulter que si on a réfléchi avant et fait la manip par soi- même...) :
mesures effectuées avec l'analyseur E4443 Agilent
Enveloppe du spectre BPSK avec Débit binaire 24Kbits/s et porteuse 445 kHz
Constellation BPSK et diagramme de l'oeil (voir I uniquement valide) correspondants : mise en évidence d'une gigue de phase.
V) CARTE EMBROUILLEUR et Générateur pseudo aléatoire
V.1) Principe de la génération pseudo aléatoire
L'exemple ci après montre un générateur simple utilisant 4 bascules D. Attention, pour fonctionner correctement, toutes les bascules doivent être initialisées.
Jusqu'à présent, la carte générateur aléatoire
a été utilisée uniquement pour fournir une séquence
de test aux modulateurs et vérifier les spectres émis. En réalité,
sa fonction est multiple : génération de CRC (code correction
d'erreur) et embrouillage notamment. (CDM utilisé pour la norme UMTS).
Dans l'exemple ci dessous, les données entrent sur J2 et sortent embrouillées sur J3.
Générateur de séquence pseudo aléatoire 15 bits & embrouilleur
V.2) Manipulation
Réponse (à ne consulter que si on a réfléchi avant par soi- même...) :
Calcul de l'équation de la sortie embrouillée M au nième coup d'horloge. (bascules numérotées de 1 à 4 de gauche à droite)
VII.)DESEMBROUILLAGE
Après démodulation, une opération de désembrouillage est effectuée pour restituée le train binaire initial.
VII.1) Principe du désembrouillage
Désembrouilleur
Le système désembrouilleur-embrouilleur est dit auto synchronisant : Après n coups d'horloge au maximum, (avec n =nombre de bascules, ici 4), le système est verrouillé et la sortie du désembrouilleur restitue fidèlement le signal.
Réponse (à ne consulter que si on a réfléchi avant par soi- même...) :
Le désembrouilleur utilisé en réception a une configuration similaire et a pour équation de sortie au nième coup d'horloge avec M l'entrée du désembrouilleur et S sa sortie :
Si l'on met le circuit d'embrouillage et de désembrouillage en série on obtient donc comme équation :
Il en résulte donc :
S(n)= E(n)
Pour que le désembrouilleur fonctionne, il est nécessaire que la fréquence et la phase de l'horloge bit appliquée à son entrée soit identique à celle de la carte embrouilleur émission.
L'embrouillage, qui permet d'augmenter le nombre de transition 0®
1 du signal transmis, facilite l'opération de récupération
de rythme binaire. L'ajout d'un transcodage type Manchester (code riche en
transition) peut également rendre la récupération plus
simple.Malgré tout, l'opération reste très délicate
car il n'y a pas forcément de transition à chaque bit. Un principe
de récupération est donné sur le chronogramme ci après
:
Récupération d'horloge
Dans un premier temps, on extrait du signal reçu le maximum de fronts que l'on remet en forme. Dans un deuxième temps, on vient artificiellement rajouter les fronts manquants. Enfin, une boucle à verrouillage de phase restitue, à la réception, l'horloge bit de référence. Celle-ci doit être impérativement synchrone du train binaire reçu. L'horloge ainsi reconstruite est appliquée à l'entrée "horloge" de la carte désembrouilleur.
Trois éléments non présentés durant le TP mais néanmoins très importants :
ex : réduction des lobes secondaires par un simple filtrage RC sur le train binaire 24Kbit/s Porteuse 445 kHz
(à comparer avec le spectre obtenu en III.2)
Le choix du multiplieur est très important avec 2 caractéristiques primordiales : Bande passante et offset.
Intégration :
Les "systèmes on chip" (SOC) actuels permettent d'intégrer sur un seul circuit la plupart des fonctions (interface jonction, cryptage, compression, embrouillage, transcodage, modulation etc)
Le circuit MAX2452 (maxim) propose un modulateur I,Q intégré avec une FI de 70MHz typique
Un exemple simple de modulation directe BPSK sur porteuse émission
il suffit d'intercaler un filtre entre la sortie BPSK et l'antenne sur la fréquence d'émission voulue (ex. 40MHz). Le "Ou exclusif" remplace avantageusement un multiplieur analogique...
IX) CONCLUSION
Complexité supérieure par rapport aux procédés analogiques.
Mais c'est le présent et l'avenir !
ANNEXE 1 : Liste des principaux composants utilisés sur les maquettes
MAX038 génération porteuse, filtre FI 455 kHz SFZ 455
AD835 multiplieurs mod/demod
XILINX 9572 (générateur pseudo aléatoire)
CD 4060 (horloge bit), CD 4013 (synchronisation donnée)
ANNEXE 2 : Comparaison des différents types de modulations
Efficacité spectrale théorique comparées
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Modulation MSK | 1 bit/second/Hz |
BPSK | 1 bit/second/Hz |
QPSK | 2 bits/second/Hz |
8PSK | 3 bits/second/Hz |
16 QAM | 4 bits/second/Hz |
32 QAM | 5 bits/second/Hz |
64 QAM | 6 bits/second/Hz |
ANNEXE 3 : Les différents types de modulations
Les types de Modulation et leurs applications
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MSK, GMSK | GSM, CDPD |
BPSK | telemetrie spatiale, cable modems |
QPSK DQPSK | Satellite, CDMA, NADC, TETRA, PHS, PDC, LMDS, DVB-S, cable, cable modems, TFTS |
OQPSK | CDMA, satellite * FSK, GFSK : DECT, paging, RAM mobile data, AMPS, CT2, ERMES, land mobile, public safety |
8PSK | Satellite, avionique, telemetry pilots for monitoring broadband video systems |
16 QAM | liaison numérique hyperfréquence, modems, DVB-C, DVB-T |
32 QAM | microonde terrestre, DVB-T |
64 QAM | DVB-C, modems, broadband set top boxes, MMDS |
256 QAM | Modems, DVB-C (Europe), Video numérique(US) |
BIBLIOGRAPHIE :
- Cours de faisceaux hertziens numériques T.R.T. Ph. Dondon 1989
- Cours systèmes de communications numériques B. Escrig ENSEIRB
- Electronique appliquée aux hautes fréquences F. de Dieuleveult éd DUNOD